Le Programme GMES & Africa peut-t-il vraiment aider à promouvoir l’enseignement des sciences de l’Observation de la Terre dans les universités de la sous-région Afrique Centrale ?

Le Programme GMES & Africa peut-t-il vraiment aider à promouvoir l’enseignement des sciences de l’Observation de la Terre dans les universités de la sous-région Afrique Centrale ? 
Entretien avec le Professeur DJANGRANG Man-na, Maître de Conférences/CAMES à l’Université de Moundou et par ailleurs point focal du Projet SEFAC.

Titulaire d’une thèse de doctorat Ph/D de l’Université de Ngaoundéré au Cameroun, Djangrang Man-na est Maître de Conférences/CAMES à l’Université de Moundou, actuellement, Président de l’Université des Sciences et de Technologie d’Ati. Rédacteur en chef de la revue de l’Université de Moundou, série A : « Annales de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines » depuis 2012 et membre de plusieurs organisations scientifiques panafricaines, ses travaux portent notamment sur la gestion et la cartographie des ressources. DJANGRANG Man-na a publié plusieurs ouvrages scientifiques et encadré de nombreux étudiants en master et doctorat dans le domaine des sciences géographiques.

Pensez-vous réellement que ce programme peut aider à promouvoir l’enseignement des sciences de l’Observation de la Terre dans les universités de la sous-région Afrique Centrale ?

« Je crois à ce programme »

L'intention générale de cette initiative est de soutenir l’émergence de la prochaine génération des géo scientifiques en matière d’Observation de la Terre dans la sous-région d’Afrique centrale qui seront dotés des outils nécessaires, des réseaux et auront de véritables perspectives pour mettre en œuvre une science d’observation de la terre responsable capable de résoudre les défis et tirer bénéfice des opportunités du développement durable. Le champ couvert par les sciences d’observation de la terre est vaste, de la géologie et prospection minière à la gestion de l’environnement telle que l'adaptation au changement climatique, la prévention des risques naturels et l'accès garanti aux ressources.

« Transcender la vision conventionnelle de l'enseignement des sciences de la Terre »

L'enseignement des sciences de l’observation de la terre d’aujourd’hui doit transcender la vision conventionnelle de l'enseignement des sciences de la Terre pour devenir multidisciplinaire dans son approche. L'enseignement des sciences de la terre devrait s'orienter vers des cours plus appliqués en incluant la gestion de l'eau, les risques géologiques/catastrophes naturelles, les ressources naturelles, les changements climatiques, les systèmes d'information géographique (SIG) et la modélisation, la planification urbaine en particulier pour les zones arides et inondables, les océans, le patrimoine naturel, tout en conservant la géoscience classique avec les compétences fondamentales de la cartographie et des travaux de terrain. 

Tel que libellé, Je crois à ce programme puisqu’il permet déjà de : 

  • Développer et pérenniser des services d’aide à la décision au profit des gestionnaires des ressources naturelles ;
  • Dynamiser la coopération régionale et donc favoriser l’échange de savoir-faire en matière de gestion des ressources naturelles dans la sous-région Afrique Centrale ;
  • Renforcer des capacités et sensibiliser l’ensemble des partenaires et des utilisateurs finaux sur les potentialités et la meilleure prise en compte des données techniques et applications d’Observation de la Terre.

Sur le plan quantitatif et qualitatif, quelle appréciation faites-vous de la répartition de l’enseignement des sciences d’Observation de la Terre dans les universités de la sous-région ?

« Une répartition irrégulière des départements, souvent inadaptés en nombre et en qualité »

L'enseignement des sciences de la terre pâtissent de cet état de fait. Hormis le Gabon, le Tchad, la Guinée Equatoriale, le Burundi et la Centrafrique, le Cameroun est le seul pays qui ait des départements en sciences de la terre bien organisés et en nombre adéquat. Les autres pays ont signalé une répartition irrégulière des départements, souvent inadaptés en nombre et en qualité. Les défis qui posent la fuite des cerveaux dans le milieu académique et le manque constant de soutien gouvernemental pour avoir des professeurs bien formés ont été soulignés. De nombreux collègues ont signalé le peu de prestige des sciences de la terre comparées aux autres disciplines scientifiques de base ; d'où la difficulté d'attirer les meilleurs éléments. Les enseignants et les étudiants de bon niveau existent certainement en sciences de l’observation de la terre, mais ne sont pas aussi nombreux qu’on pourrait le souhaiter.

« Plus de promotion des sciences de l’Observation de la Terre »

Pour résoudre ce problème, le Projet SEFAC doit s'engager dans un exercice de communication pour instruire le grand public de l'importance des sciences de l’observation de la terre pour la société. Les médias pourraient jouer un rôle important en matière de sensibilisation et de promotion des sciences de l’Observation de la Terre.

« Encourager des compétitions universitaires telles que les Olympiades des sciences d’observation de la terre »

D’autres méthodes de communication originales peuvent être encouragées à savoir : développer les géo-environnements et le géo-patrimoine, encourager des compétitions universitaires telles que les Olympiades des sciences d’observation de la terre, organiser des journées portes ouvertes sur le thème de la télédétection avec les universités ; ou encore créer des expositions itinérantes. 

Nous vous remercions!

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